Le tétras-lyre, le lagopède alpin et la perdrix bartavelle sont des oiseaux de montagne qui se rencontrent sur tous les massifs des Alpes du nord, au-dessus de la limite forestière. Leurs densités sont intimement liées à la qualité de leurs habitats. Chassées depuis la nuit des temps, ces espèces sont suivies chaque année par des chasseurs bénévoles, sous la coordination des fédérations départementales des chasseurs des Alpes. Ces suivis annuels (évolution des populations au printemps et réussite de la reproduction en août) représentent plusieurs dizaines d’opérations de terrain à l’échelle des Alpes du nord (Drome, Isère, Savoie et Haute-Savoie) et mobilisent plusieurs centaines de chasseurs formés. Ils constituent l’essentiel de la connaissance de ces espèces emblématiques, transmise annuellement aux services de l’État.
Gérer pour conserver durablement
Gérée par des systèmes de quotas, la chasse est un facteur de gestion durable des populations de galliformes. Du fait de l’investissement constant des chasseurs en faveur de leurs avenirs, elle est aussi un atout bien plus efficient que la simple protection réglementaire. Cette année, lors des comptages du printemps, plusieurs milliers d’oiseaux ont pu être observés sur les sites de référence des alpes du nord et les chasseurs attendaient avec impatience de connaitre la réussite de la reproduction pour envisager la saison de chasse. Ainsi au mois d’aout, près de 200 bénévoles, conducteurs de chiens de chasse spécifiquement formés, ont pu parcourir sur autorisation préfectorale les nombreux sites de référence répartis les différents massifs alpins pour trouver les nichées et évaluer la réussite de la reproduction des tétras-lyres, des lagopèdes ou des bartavelles. Malgré la présence des adultes reproducteurs, la survie des jeunes poussins a été condamnée par la météo catastrophique de l’été : pluie, froid, orage et absence d’insectes (essentiels à la survie des poussins) ayant provoqué la destruction de la plupart des nichées. Par ailleurs, la sur-fréquentation des milieux naturels, accentuée par la crise sanitaire, est un autre facteur limitant qui a impacté la reproduction des oiseaux.
Ses résultats traduisent une année de mauvaise reproduction dans les Savoie et massifs limitrophes. Les fédérations départementales des chasseurs se doivent d’appliquer leurs engagements de gestionnaire. À l’exception de quelques autorisations de tirs au sud du département de l’Isère et dans la Drôme, où la reproduction est bien meilleure, un plan de chasse nul ou « zéro » s’impose pour le tétras-lyre, le lagopède et la perdrix bartavelle sur l’ensemble des alpes du nord. Cette décision ne remet pas en cause la chasse des années prochaines. Il s’agit d’une adaptation à la réalité du terrain, nécessaire à une gestion durable de ces espèces emblématiques des montagnes alpines.